L’ŒIL CACOPHONIQUE – 2020

Un projet réalisé avec la participation des élèves du Gymnase français de Bienne (Suisse), et en collaboration avec les Journées photographiques de Bienne et la Haute Ecole Pédagogique BEJUNE.

Réservoir de matières et d’expressions créatives, les plateformes digitales peuvent aussi être associées à une menace faite à notre attention et à nos libertés individuelles. Peut-on encore parler d’expression personnelle quand tout est fait pour que nous soyons captifs, pour que nos émotions se conforment à des (émot)icônes ? L’artiste Aurore Valade a invité une classe du Gymnase français de Bienne à déconstruire l’imagerie générée sur les réseaux sociaux à travers des techniques analogiques et numériques. Travaillant à partir de captures d’écrans tirées de leurs interactions sur les réseaux sociaux, les élèves ont découpé, dessiné et retravaillé le langage 2.0 afin de créer des symboles analogiques, avec lesquels ils se sont ensuite mis en scène pour être photographié. Les images qui résultent de cette collaboration redonnent une plasticité aux émotions et aux revendications des élèves à travers un geste pictural et théâtral, la photographie permettant de conserver une mémoire graphique d’interfaces numériques fragiles, souvent vouées à la disparition.

Digital platforms are a vast reservoir of materials and creative expression, but can also be seen as a threat to our attention and our individual freedoms. Can we still speak of personal expression when every effort is made to keep us captivated, and to make our emotions conform to (emot)icons? Aurore Valade invited a class at the Gymnase français de Bienne to deconstruct the imagery generated on social networks, using both digital and analogue techniques. Working from screen captures taken from their online interactions on social networks, the students cut, drew and worked up a “language 2.0” in order to create analogue symbols, with which they were then photographed. The images that result from this collaboration give a new materiality to the emotions and protests of the students through pictorial and theatrical gestures, with photography making it possible to preserve a graphical memory of ephemeral digital interfaces, often destined to disappear.