LOU BONUR QU’A LIGA LIS OME E LOU CHIVAU, 2020

(Le bonheur qui lia les hommes et le cheval)

Série réalisée dans le cadre du projet «Patrimoine commun» avec le Centre photographique Marseille et le département des Bouches-du-Rhône dans le village provençal de Mollégès.

Si les races de chevaux de trait ont disparu progressivement des campagnes depuis la mécanisation de l’agriculture, on rencontre encore au village des hommes qui parlent des joies du labour, du partage et du travail au quotidien avec leur complice, qui, chaque jour, leur apprend l’humilité et une autre relation au temps, à vitesse de cheval. Je suis partie à la rencontre d’agriculteurs, de cavaliers, d’artistes équestres et de leur chevaux, attentive aux parades, au dressage et aux caresses. Avec pour fil conducteur le lien qui unit l’homme et le cheval, je me suis intéressée aux paysages agraires traversés (bocages, laurons, anciens paluds asséchés et abandonnés suite à la crise agricole) et à la survivance de gestes et de rites anciens qui impliquent notre relation au vivant. Car c’est bien parce qu’on y retrouve l’amour de la terre et de l’animal que Mollégès fait partie d’un ensemble de communes où l’on célèbre encore des fêtes agraires à charrettes dédiées à Saint Jean, Saint Roch et Saint Eloi. Connues depuis le Moyen Âge et réminiscences lointaines d’anciens cultes païens, ces fêtes religieuses des «carreto ramado» consacrent bétail et récoltes et nous rappellent que la terre est un puissant lieu d’enracinement des hommes et force d’abondance. On y admire la puissance et la beauté de ces chevaux lourds qui ont travaillé nos campagnes et qui sont harnachés pour l’occasion de chatoyantes brides et colliers sarrasins. Vestiges d’un savoir-faire artisanal ancestral que l’on retrouve sur tout le pourtour méditerranéen, les harnachements actuels sont restaurés, recrées et réinterprétés par de très rares bourreliers passionnés.

Ce projet a été réalisé avec la participation de Vincent Faure, président de la confrérie de Saint Eloi de Mollégès, accompagné de Saphir harnaché à la mode sarrasine ; de Samuel Hafrad, artiste équestre accompagné de Zak, Sasco et Boubou ; de Laura Pouzol, physiothérapeute équine avec Frimouss. Les harnachements sarrasins proviennent de la confrérie Saint Roch de Rognonas qui en assure la conservation et le prêt entre confréries. Merci à eux ainsi qu’à Michel Buisson pour le partage de connaissances sur les cultures provençales.